Histoire d’eau au Kirchberg dans un hors-série de la Revue Technique

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Un nouveau numéro de la Revue Technique est paru à la fin du mois de mars, pour saluer l’inauguration du château d’eau du Kirchberg. L’association des Ingénieurs et Scientifiques du Luxembourg n’est pas peu fière d’avoir prêté ses pages à la Ville de Luxembourg pour l’évocation de ce projet remarquable, qui allie exigences techniques et logistiques à des normes environnementales exceptionnelles. Ce hors-série numéro 19 de notre revue est à la disposition de nos membres, au siège de l’association. Il peut aussi être téléchargé au bas du présent article.

Qu’elle est loin l’époque où le Kirchberg n’était qu’un plateau de pâtures, à peine traversé par une autoroute, à la sortie du Pont Rouge! Aux institutions européennes se sont ajoutés un hôpital, une clinique, une kyrielle d’immeubles de bureaux, de vastes surfaces commerciales et de quartiers d’habitations. Sans compter le tram, qui trace son sillon à partir de l’extrémité est du plateau.

En osmose avec la nature

Qui dit développement urbain dit infrastructures. Voirie, réseau d’égouttage, d’électricité et de communications, seconde ligne de tram dans le cas du Kirchberg: il faut accompagner le mouvement avec des services adaptés. C’est aussi le cas de la distribution d’eau. Après le château d’eau emblématique du ban de Gasperich, la Ville de Luxembourg s’offre un nouveau bijou à l’autre extrémité de la commune. Si le premier peut être vu comme une forme d’œuvre d’art industrielle, plutôt flamboyant, le nouvel édifice aura moins l’aspect d’un phare, intégré au maximum à l’orée de la forêt, dans une zone naturelle, où il jouera aussi un rôle d’hôtel pour la faune. Discrétion et camouflage seront ses vertus.

La bourgmestre de Luxembourg, Lydie Polfer, explique la raison d’être de l’ouvrage: “Jusqu’à présent, le Kirchberg était approvisionné uniquement par le réservoir Senningerberg, alimenté par le SEBES (Syndicat des eaux du barrage d’Esch-sur-Sûre), à travers une seule conduite de diamètre 500 mm. Avec la construction d’un nouveau château d’eau au Kirchberg, ce problème sera résolu grâce à un double approvisionnement.”

Sécurisation du réseau

Le Kirchberg sera divisé en deux zones, dont une alimentée par le château d’eau et l’autre par le réservoir. Ces deux infrastructures se trouvant à la même altitude de 406 mètres, un approvisionnement d’une zone vers l’autre pourra ainsi se faire à tout moment et sur différents points de réseau, assurant la sécurisation de la distribution d’eau potable inexistante auparavant. Dans ce même processus, le château d’eau du Kirchberg sera alimenté par deux sources, le SEBES et la source Glasburen.

Dans l’appel aux candidatures, des exigences environnementales très strictes avaient été formulées, notamment parce que le site de construction se trouve dans une zone protégée Natura 2000. Après décision du jury, le projet du groupement Temperaturas Extremas Arquitectos et Simon-Christiansen & Associés a été retenu. “Le design répond à une expression cohérente et adaptée de la fonction du château d’eau, prévoyant deux cuves d’une capacité totale de 1.000 m3, tout en s’adaptant au contexte forestier dans lequel le château d’eau est inséré”, remarque la bourgmestre dans sa présentation.

“La construction est réalisée en majeure partie en béton armé visible, avec une façade en bois composée de lamelles en bois local, reflétant l’engagement de la Ville de Luxembourg en faveur du développement durable. Cette façade possède une autre utilité: des nids préfabriqués y sont insérés pour les oiseaux (martinets et faucons pèlerins) et chauves-souris. En d’autres mots : un projet dynamique et durable qui s’inspire de son environnement et reflète ainsi les valeurs et engagements pris par son maître d’ouvrage, la Ville de Luxembourg.”

Matériaux

Le château d’eau a été réalisé en grande partie en béton armé visible dans certaines zones, notamment à certains endroits de la façade. Pour les façades en bois, des lattes en bois local non traité ont été utilisées. Les lamelles en bois sont montées sur une construction en acier galvanisé et ancrée aux noyaux en béton armé.

Nids

Des nids de béton préfabriqués pour les oiseaux, les chauves-souris et les martinets ont été ménagés dans la façade en béton. Un nid est également prévu pour accueillir un couple de faucons pèlerins… à condition qu’il trouve des locataires. Construit sur mesure en bois de chêne massif et brut, il est orienté plein est, vers le soleil levant.

“Il est clair que les nichoirs pour oiseaux et les abris pour chauves-souris constituent une simple offre, en quelque sorte une invitation adressée à la vie sauvage. Est-ce que la vie sauvage acceptera cette offre dans un contexte aussi anthropisé ? Est-ce que les mesures déployées correspondent effectivement aux exigences des espèces ciblées ? Ces questions seront élucidées sur la base d’un suivi organisé en collaboration avec l’Administration de la nature et des forêts”, note dans la Revue Technique Jacques Mersch, Diplômé en Sciences écologiques, Docteur en Toxicologie de l’environnement.

Critères écologiques

Ce nouveau château d’eau est surtout remarquable par les paramètres écologiques qui ont été respectés lors de sa conception et de son édification.

Parmi les principaux critères écologiques, le paramétrage technique suivant a été retenu :

  • surface sollicitée par le château d’eau réduite à un strict minimum,
  • aucune imperméabilisation du sol en dehors des fondations de l’édifice,
  • accès unique à partir d’un chemin existant,
  • limitation des dimensions du chemin d’accès, construit en concassé d’une pierre locale, la dolomie,
  • gestion sur site des eaux de pluie et des eaux de purge par infiltration dans une mare temporaire,
  • utilisation d’un bois non traité (par des biocides) pour le bardage du château d’eau,
  • renoncement à toute illumination de l’édifice,
  • éclairage extérieur d’appoint limité aux visites des agents chargés de l’entretien,
  • pas d’antennes relais pour la téléphonie mobile.

Télécharger la Revue Technique hors-série n°19