Avec l’arrivée des vaccins contre la Covid-19, la société B Medical Systems de Hosingen doit faire face à un afflux de commandes en provenance des quatre coins de la planète.
L’Union européenne a précommandé quelque trois cents millions de doses du vaccin de BioNTech-Pfizer dont quatre cent vingt mille pour le Luxembourg. Ce chiffre donne une idée de l’ampleur de la vaccination. De plus, ce vaccin doit être conservé à -70° C. La logistique et la production de grand froid apparaissent dès lors capitales. Or, c’est à ce niveau qu’intervient B Medical Systems, une société luxembourgeoise installée à Hosingen et spécialisée dans le froid médical et notamment la fabrication de super-congélateurs dont la température peut descendre jusqu’à -86° C.
L’histoire de la société remonte à 1979. A cette époque, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’adresse é Electrolux, à Vianden, pour trouver une solution à ses problèmes de stockage et de transport des vaccins à travers le monde. Le département Réfrigération d’Electrolux devient alors le Groupe Dometic. En mars 2015, Navis Capital Partners et l’équipe de direction acquièrent le département médical de Groupe Dometic. Quelque mois plus tard, Dometic Medical Systems Division devient B Medical Systems.
Aujourd’hui, la société œuvre dans trois domaines: la réfrigération médicale (réfrigérateurs, congélateurs et congélateurs très basse température pour les pharmacies, laboratoires, etc.), les solutions pour la gestion du sang (réfrigérateurs pour banque de sang, congélateurs pour plasma, systèmes de transport, etc.) et la chaîne du froid pour les vaccins (réfrigérateurs et congélateurs, conteneurs de transport, surveillance de la température à distance, etc.). Tout son matériel doit obéir aux règles strictes du Medical Device Manufacturing et est notamment surveillé par le TÜV et le ministère de la Santé. “Tous nos appareils sont agrémentés par l’Union européenne en classe 2A ou classe 1. Ça nous demande un temps de développement plus long, mais, si nos appareils sont non invasifs, leur fonctionnement peut avoir des conséquences pour l’être humain. Une surveillance est donc nécessaire”, explique Gilles RIES, Senior Technical et Business Manager.
Son succès, la société le doit à ses quelque deux cent vingt employés et son réseau mondial sur lequel elle s’appuie.
Sa force, elle la tire de ses produits pour faire face à la concurrence. Parmi elle, il y a les grands du secteur comme l’Américain Thermo Scientific ou le Japonais Panasonic et quelques autres acteurs qui agissent à une échelle plus locale. Gilles RIES est néanmoins serein. “En fait, nous n’avons pas tellement de concurrence même parmi les grands car nous sommes les seuls à proposer une solution complète: des supers congélateurs accompagnés de solutions de transport et de stockage dans toutes les gammes de températures. Pour un pays, c’est beaucoup plus intéressant”, souligne-t-il.
Sa réussite, elle tient en sa capacité à faire front au “rush énorme” que B Medical Systems connaît en ce moment même. “Les commandes arrivent du monde entier. Normalement, nous nous adaptons toujours aux demandes de la clientèle. Mais aujourd’hui, nous avons le luxe de ne pas répondre aux cas particuliers afin d’assurer nos livraisons.”
Quant au froid proprement dit, il est produit par un gaz réfrigérant compressé. La chaleur est ensuite évacuée. Le gaz se détend dans le système et le froid produit peut être utilisé. “Pour atteindre des températures de – 80° C, on utilise un système qui travaille en cascade. Il s’agit de deux systèmes à compresseur. Le premier produit du froid jusqu’à – 30° C et le second prend le relais jusqu’à – 80° C. Ce système permet en principe de répercuter le différentiel de pression sur deux compresseurs. En fait, le travail est divisé”, explique Gilles RIES.
Pour ce faire, “nous employons tous les profils d’ingénieur à travers nos différents départements: Design & Mecanic, Electronic, Colling, R&D…”.
Malgré son succès, B Medical Systems est loin de se reposer sur ses lauriers. Le futur se décline selon plusieurs axes de travail. L’un repose sur l’intelligence artificielle et le monitoring, le but étant de “prédire quand quelque chose va tomber en panne”. Un autre porte sur la consommation et la réduction des coûts “avec des composants moins demandants” en énergie ou en utilisant des compresseurs à vitesse variable.
A plus long terme, la réflexion porte sur de nouveaux moyens de produire du froid. C’est qu’il s’agit pour B Medical Systems de ne surtout pas être en froid avec l’avenir.