Le Prix des Arts et des Lettres 2012 au Forum da Vinci

Institut Grand-Ducal Section des Arts et des Lettres

L’Institut Grand-Ducal a été créé en 1868, dans le « but de cultiver les sciences, les lettres et les arts ». Il groupe six sections : Histoire, Sciences naturelles, Médecine, Linguistique, Sciences morale et politique, Arts et lettres. Cette dernière se compose des sous-sections : « Littérature française », « Littérature allemande », « Littérature luxembourgeoise », « Musique », « Théâtre, Danse, Cinéma et Médias », « Arts plastiques et Architectures ».

Conformément à son règlement organique, la section a pour but de cultiver les arts et les lettres et d’encourager toutes autres activités à caractère artistique et culturel. Elle groupe des personnes qui, par la valeur de leur travail, méritent d’être réunies en un collège représentatif des activités artistique et littéraire dans notre pays. La section fait publier les travaux des sous-sections et concourt à la publication d’ouvrages dont la valeur a été reconnue et pour autant qu’ils rentrent dans le domaine des activités de la section. L’activité des membres est bénévole. À part les réunions du Conseil d’Administration, traditionnellement la section se réunit en assemblée générale deux fois par an.

Esquisse d’un portrait

Vienne et son académie de la Schillerplatz, Mendrisio (dans le canton du Tessin) et son école fondée par Mario Botta dans sa ville natale, Perpignan enfin, voilà les étapes dans la formation d’Eve-Lynn Beckius, avant son retour à Luxembourg, sa collaboration à A + T Architecture et finalement la création d’un bureau indépendant ; Vienne et un enseignement très conceptuel, Mendrisio et une attention particulière portée aux choses du bâtir. Où la personnalité de Peter Zumthor a orienté de façon définitive la jeune architecte, ses préoccupations venant se greffer sur les souvenirs d’enfance rapportés d’Ombrie, des palais et des villas, de la marque faite aussi d’odeurs et de bruits par une ville comme Pérouse.

Eve-Lynn Beckius est l’architecte de la maison que l’artiste Patricia Lippert a fait rénover à Diekirch, et le couple maître d’ouvrage/concepteur en a été récompensé par un prix du Bauhärepräis de l’édition 2012. De nombreux projets et réalisations de l’architecte, ces dernières années, ont porté sur la rénovation et la transformation, le bâti existant s’avérant pour elle une réelle source d’inspiration. Avec à l’origine, bien sûr, un respect fortement ancré de ce qui existe, se manifestant à l’instar des archéologues restaurant un vase étrusque dans la différenciation de l’ancien et du nouveau.

Un souci d’authenticité oriente ce travail. Ainsi, à Diekirch, dès la façade avec son bel agencement irrégulier des ouvertures. Ce qui avait été dans un état de ruine, fait vivre maintenant de son éclat l’espace réduit de la cour intérieur ; fil rouge du projet, renforcer le caractère propre à l’objet, jusqu’à tourner ses défauts en avantages. De même, là où le recul temporaire est moindre, ne ramène qu’années cinquante du siècle dernier, pour un bungalow, au Bridel, avec son insertion dans un écrin de verdure.
Tout architecte est habitué aux résistances, obstacles, contraintes, qui n’existent pas moins pour les nouvelles constructions ; Il faut alors savoir en tirer profit. Et exemple caractéristique de la manière d’Eve-Lynn Beckius, là où il existe une zone inondable impropre à la construction, elle prolonge une terrasse par-dessus, comme une avancée de la maison, comme la proue d’un navire.
Deux coups d’oeil très contrastés sur le travail de la lauréate pour conclure. Dans un environnement urbain d’abord, sur son aménagement intérieur d’un café proche du palais grand-ducal, avec le véritable défi d’un espace tout en profondeur ; l’occasion aussi de signaler enfin le soin extrême des matériaux de cette architecte. Dans un contexte plus large, sur sa participation au concours d’idées du site du CNHP à Ettelbruck :

quand l’architecte prend la mesure d’espaces et d’ensembles plus grands.

Lucien Kayser