Si GRADEL a remporté le Prix Armand Delvaux 2023, décerné par l’entremise de notre association, la concurrence était sérieuse parmi les candidats à cette distinction. Nous ne pouvions pas laisser dans l’ombre les autres compétiteurs, dont les projets méritent eux aussi amplement d’être mis sous les projecteurs.
Le parcours de la startup AM4AM a déjà été évoqué longuement dans notre newsletter. Son fondateur, Maxime Delmée, était candidat au Prix Delvaux dans la catégorie « ensemble des travaux dans les domaines des sciences appliquées / sciences de l’ingénieur ». En exergue, sa poudre d’aluminium aux qualités uniques développée pour l’impression 3D: HiperAL. Le jury avait noté le “caractère innovatif réel” du projet et son caractère durable, puisque l’impression 3D a pour vertu de limiter les quantités de matière au strict minimum et de produire ce qui est strictement nécessaire.
Deux prototypes
Toujours hébergée au Technoport, à Fœtz, AM4AM continue sur la voie de la production, de la recherche et de la prospection. “Notre unité tourne et nous fournissons des petites quantités de notre produit fabriqué à Foetz à divers clients, sans nécessairement savoir à quoi ils le destinent”, explique Maxime Delmée.
La jeune société a par contre été associée au développement de deux pièces précises, un support d’étrier de frein pour moto électrique et une pièce de “rover” lunaire. “Dans les deux cas, l’intérêt premier de notre technologie est le poids, combiné à la résistance, justifie Maxime Delmée. Sur une moto alourdie par des batteries, il importe absolument de regagner de la masse. Un tel support n’a, à ma connaissance, jamais été imprimé. Les contraintes mécaniques sont importantes: si on n’a pas un matériau résistant, ça ne fonctionne pas. On n’en est qu’au prototype; ce n’est pas une moto de série. Et sur un engin destiné à l’espace, le poids est un élément important dans les coûts de lancement ainsi que sur ses performances. nous sommes parvenu à gagner plus de 30% sur certaines pièces. Si on y ajoute une excellente résistance mécanique et une résistance aux températures extrêmes, notre produit est particulièrement compétitif. .”
Le meilleur aluminium sur le marché
La bonne nouvelle pour AM4AM, qui continue à améliorer la composition de son produit, c’est que des tests récents ont révélé des propriétés encore meilleures qu’au départ pour les pièces produites avec l’HiperAL. « Nos produits font l’objet d’améliorations continues et une phase qualificative de notre alliage a établi que, en matière de résistance mécanique et de résistance à la chaleur, on est très largement au-dessus de tout ce qui existe sur le marché, sourit Maxime Delmée. Jusqu’à présent, le meilleur alliage en aluminium offrait une résistance aux alentours de 500 MPa et nous, nous étions à 425. Désormais, on produit un matériau qui supporte une force de 525 MPa en traction. En température, nous offrons des résistances intéressantes jusqu’à 250 °C, alors que le matériau traditionnel craint plutôt les fortes montées en température. Nous proposons ainsi l’aluminium le plus performant qui ait jamais été produit. Nos pièces imprimées sont même plus solides que les alliages de qualité aéronautique usinés par les méthodes classiques. C’est lié à notre procédé de fabrication de la poudre. Cela peut nous ouvrir des horizons supplémentaires. »
“De toute façon, quand on produit une pièce en 3 dimensions, il faut la concevoir autrement que lorsqu’elle est destinée à être usinée. Les contraintes ne sont pas les mêmes, et l’impression 3D permet une autre approche. C’est vraiment un métier à part. D’ailleurs, en impression 3D, les propriétés mécaniques de la pièce varient généralement en fonction de la direction de l’espace dans laquelle on imprime, et il faut en tenir compte lors de la conception de l’élément désiré. En matière de coût de réalisation, l’utilisation de la poudre d’aluminium est également plus que compétitive par rapport aux méthodes classiques… sans compter notre volonté de travailler avec des chaînes d’approvisionnement courtes, européennes en l’occurrence. Si on devait s’établir sur un autre continent, cette logique resterait la même. Il n’y a pas d’intérêt à communiquer sur une production locale vertueuse en 3D qui se baserait sur des matériaux venus de l’autre bout de la planète. “
AM4AM adhère désormais au programme européen “EIT Raw Materials” un des programmes d’aide de la Commission soutenant le développement des matières premières.
“Actuellement, nous travaillons aussi sur les composantes d’échangeurs thermiques, où nous pourrions proposer des structures beaucoup plus fines mais résistantes, à meilleure efficacité. Quand légèreté et solidité se conjuguent, il y a toujours de l’intérêt. C’est ainsi que nous étudions aussi des pièces de vélo, dans la même philosophie.”