A l’écoute du changement climatique, à travers météo et hydrologie

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Les conditions météorologiques sont étudiées depuis des siècles à travers le monde. Tandis qu’en Europe, des mesures de pluie sont réalisées depuis le XVIIe siècle, les premières observations météorologiques régulières ont débuté dans la première moitié du XIXe au Luxembourg. Cette science était au cœur de la première conférence organisée à notre siège de Luxembourg par l’Institut Grand-Ducal, section des Sciences, et le LIST (Luxembourg Institute of Science and Technology) dans le cadre du cycle “Changement climatique et impact sur les ressources naturelles au Luxembourg”.

Lucien Hoffmann

Président de l’Institut Grand-Ducal, Section des Sciences, Lucien Hoffmann a signalé d’entrée que les premières observations météorologiques au Luxembourg étaient dues à deux professeurs de l’Athénée: Nicolas Bodson, dès 1838, et François Reuter, plus systématiquement, à partir de 1854. L’échantillon de données reste néanmoins limité, à l’échelle de la vie d’une planète, et tous les moyens sont bons pour comprendre l’évolution des phénomènes, météorologiques ou hydrologiques par exemple, puisque c’était le thème du jour. “Les longues séries d’observations sont essentielles”, note le professeur. Le cycle de conférences qu’il a initiées doit permettre de mieux comprendre les effets du changement climatique, particulièrement au Luxembourg. Le fatalisme n’est pas de rigueur: le dernier volet portera sur les mesures d’adaptation et de mitigation.

Laurent Pfister (Hydrologue, responsable de l’unité de recherche ‘Environmental Sensing and Modelling’ au LIST), relève que les stations météorologiques et hydrologiques se sont surtout développées ici dans la seconde moitié du XXe siècle. La densité d’informations est relativement faible avant 1950. L’utilité de réseaux dynamiques réactifs s’est amplifiée après les grandes inondations de 1993 et 1995. Laurent Pfister est aussi à la recherche du temps perdu, comptant sur le carottage glaciaire, la dendrochronologie ou l’étude des moules de rivières, entre autres, pour mieux étudier les phénomènes hydrologiques. Cela permet de reconstruire le changement du climat, et les mutations d’un cours d’eau. “Le climat change en raison de l’activité humaine, ce qui implique qu’il faut revoir progressivement tous nos modèles statistiques”, souligne Laurent Pfister.

Des réseaux toujours plus performants

Jean François Iffly (Ingénieur, responsable de la maintenance du réseau d’observation hydrométéorologique du LIST) insiste sur la nécessité de réseaux de mesure denses, et l’utilisation de techniques de plus en plus instantanées et locales, car il ne pleut pas partout de la même manière. Entre Clemency, le Findel et Echternach, l’ampleur des précipitations peut être très différente, et avoir des conséquences très éloignées. Il note qu’entre une inondation de la Moselle qu’on peut voir venir depuis les Vosges, et une saturation instantanée de la Pétrusse qui inonde le Grund, la marge de manœuvre du scientifique pour susciter une réaction des services de sécurité n’est pas la même… Et de se désoler de la disparition de stations météo historiques, repoussées par une urbanisation croissante. Au Luxembourg, il n’y a pas de radar de pluie. Deux tours situées à l’étranger aident aux prévisions au Grand-Duché, dont celle de Wideumont, près de Libramont (Belgique).

A la station du Findel, Luca Mathias (Météorologue, Administration de la Navigation Aérienne, MeteoLux) est aux premières loges pour suivre la mutation du climat. Il révèle qu’entre la période de référence 1961-1990 et celle de 1991-2020, la température annuelle moyenne est passée de 8,3 à 9,8 degrés centigrades. “Et la tendance se confirme à la hausse”, souligne le météorologue. Autres preuves du changement: la distribution des températures quotidiennes maximales se modifie à la hausse. “L’analyse des précipitations est plus complexe”, note Luca Mathias, relevant une baisse globale entre les deux périodes de référence… mais une fréquence plus grande des événements pouvant engendrer des épisodes pluvieux. En matière d’enneigement, par contre, la différence est nette: 45 jours de neige en moyenne pour le première période de référence contre 25 pour la seconde: la raréfaction des Noëls blancs, c’est aussi une conséquence du changement climatique.

Les prochains rendez-vous:

  • 30 maiSécheresses et inondations.
  • 6 juin – Changement climatique et sylviculture
  • 11 juin – Changement climatique et agriculture/viticulture
  • 18 juin – Changement climatique et biodiversité
  • 27 juin – Changement climatique : mesures d’adaptation et de mitigation

Informations pratiques:

  • Au Forum da Vinci, 6 BD Grande-Duchesse Charlotte, Luxembourg-Ville
  • de18h30-19h30
  • Suivi d’une réception
  • Ouvert au grand public
  • Pas d’inscription nécessaire

Voir aussi: Reportage de RTL sur l’histoire de la météorologie au Luxembourg

L’album photo de la première soirée: