Charles Dondelinger vient de nous quitter soudainement, le 1er mars 2021, à l’âge de 75 ans. Nous perdons avec lui un ami sincère et dévoué, doué d’un esprit rigoureux et néanmoins soucieux de trouver les bons compromis quand il le fallait. Le cœur généreux, comme l’atteste son engagement dans diverses associations caritatives, il fut notamment membre fondateur du Lions Club Al Lëtzebuerg depuis 1983 et son président en 1989/1990.
Membre du conseil d’administration de l’Association Luxembourgeoise des Ingénieurs (ALI) de 1980 à 1984 et membre depuis lors jusqu’en 2015 du conseil d’administration de l’association faîtière, l’Association Luxembourgeoise des Ingénieurs, Architectes et Industriels (ALIAI), Charles était né le 11 juillet 1945 à Esch-sur-Alzette, où il fréquenta l’école primaire. Ses parents ayant décidé de quitter la métropole du fer pour s’installer à Luxembourg, Charles poursuivit ses études au Lycée de Garçons de la capitale, où il obtint son diplôme de fin d’études secondaires, section latine B, en 1964.
Son ambition était de devenir ingénieur. Aussi s’inscrivit-il à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich, dont il sortit ingénieur électricien diplômé (spécialisation courant faible) en 1970. De retour à Luxembourg, il témoigna sa fidélité à son Ecole en devenant un membre assidu de la GEP, le groupe luxembourgeois des Anciens de Zurich.
En 1971, il fit la connaissance de Christiane Nicolas, sa future épouse, lors du mariage d’amis communs. Ce fut le coup de foudre, puisque leur propre mariage fut célébré dès l’année suivante à Walferdange, le 14 juillet 1972 à la mairie et le 23 juillet de la même année à l’église. Comme le père de Christiane était officier de l’armée luxembourgeoise, à cette époque en service à la caserne de Walferdange, ils eurent le privilège d’être unis par l’aumônier militaire, Emile Glesener. Le jeune couple élut domicile rue Federspiel à Luxembourg. De leur union naquirent deux enfants, Nathalie en 1973 et Philippe en 1975. La famille s’agrandissant, elle quitta la ville pour s’établir à Meispelt.
Sur le plan professionnel, Charles brigua et obtint un poste d’ingénieur dans l’Administration des Postes et Télécommunications. Ce fut le début d’une carrière aussi passionnante que mouvementée, puisqu’elle coïncida avec le développement formidable du réseau de télécommunications luxembourgeois des années 70 et 80.
A cet égard, Charles conçut et introduisit, dès 1974, la radiotéléphonie mobile terrestre, précurseur des réseaux GSM européens. Afin de réserver, à cet effet, le budget nécessaire, son argumentaire fut le suivant : « Le but des télécommunications est de permettre à n’importe qui, où qu’il se trouve, de contacter n’importe qui du monde entier », une affirmation courageuse et visionnaire dans les années 70, qui se trouve réalisée en grande partie avec les réseaux mobiles et satellitaires d’aujourd’hui.
En tant qu’ingénieur fasciné par les nouvelles technologies des télécommunications, il participa activement, durant cette période, à la transition de la transmission et de la commutation analogiques vers le digital. Avec la mise en œuvre parallèle de la fibre de verre, l’administration de l’époque créa les bases pour les autoroutes de télécommunications, sans lesquelles les services et applications de l’internet ne sauraient fonctionner.
Dans cette même période se situe encore le projet de la télévision par satellites de télécommunications, origine de l’actuel réseau exploité par la SES. Ce projet fut initié par le Premier Ministre Pierre Werner sur proposition d’un expert américain du nom de Clay T. Whitehead, déniché par Adrien Meisch alors qu’il était ambassadeur aux Etats-Unis.
Citons Edmond Toussing, directeur général de la future Entreprise des P. et T., qui écrit dans son Livre jaune des Communications au Luxembourg et au-delà ceci : « Dans ce contexte, il y a lieu de souligner le rôle non négligeable joué par l’Administration des Postes et Télécommunications dans la genèse et la réalisation du projet de satellites de télévision du Gouvernement. »
Or, c’est Charles Dondelinger qui fut chargé de la mission difficile et complexe de négocier et de trouver un accord avec EUTELSAT S.A. (société de droit français créée en 1977 dans le but d’améliorer le réseau téléphonique européen), farouchement opposée audit projet luxembourgeois, et de participer à la notification des fréquences requises auprès de l’International Frequency Registration Board de l’UIT à Genève.
Ayant participé à maintes réunions préparatoires avec Clay T. Whitehead et Candice Johnson, l’épouse de l’ambassadeur, Marcel Gross, à l’époque étroit collaborateur de Charles et qui a bien voulu nous fournir toutes ces précisions, peut témoigner de la motivation et de l’engagement de Charles pour réussir dans ces missions.
En 1992, l’administration des P&T devient l’Entreprise des Postes et Télécommunications, et dans le cadre de la libéralisation des télécommunications et des services postaux, Charles changea de responsabilités en prenant en charge, en tant que directeur général adjoint, les services de Régulation et le service du Personnel de l’Entreprise. Ainsi, il suivit de près les développements réglementaires européens et nationaux tout en gérant un personnel multidisciplinaire avec des bases contractuelles très différentes.
Relevons enfin qu’il aida à développer l’orientation stratégique de l’Entreprise avec la création de filiales et de prises de participation dans d’autres firmes, élargissant ainsi le portefeuille des services offerts par l’Entreprise.
Il prit sa retraite en 2005, à l’âge de 60 ans.
Rappelons pour l’anecdote qu’en décembre 1988, lors du lancement du premier satellite GDL par la société SES à Kourou, en Guyane, Charles eut l’honneur d’y être invité et de faire partie de la délégation luxembourgeoise menée par SAR le Grand-Duc héritier et le Premier Ministre Pierre Werner.
Malgré une vie professionnelle bien remplie, son engagement en faveur de l’ALIAI fut, lui aussi, caractérisé par le dévouement et le souci de la bonne entente entre collègues. Sa contribution fut tout particulièrement appréciée dans le cadre du projet de construction du Forum da Vinci. Ainsi, Charles se chargea d’élaborer toute une série de textes visant à assurer que la cohabitation entre les différents occupants du bâtiment se déroule de manière harmonieuse. Les idées maîtresses de ces textes se reflétèrent d’ailleurs dans le règlement de copropriété faisant corps avec l’acte de copropriété. Ensuite, pendant la phase de construction de l’immeuble, Charles accepta de coordonner et d’animer un groupe de réflexion chargé d’établir un plan de développement du nouveau siège, fondé d’une part sur les recettes escomptées au niveau de la salle de conférence, et de l’autre, sur les prévisions de charges de fonctionnement et d’entretien du secrétariat et des espaces. Une fois la construction terminée, Charles continua à se démener pour que la salle de conférence se libère de ses quelques défauts de jeunesse, de manière qu’elle puisse recueillir dignement son auditoire. Au-delà du rappel de ces quelques exemples, sa disponibilité à l’égard de l’Association était restée entière jusqu’en 2015, année de son départ, lui-même motivé par l’achèvement réussi des ambitieux projets de l’Association.
A Christiane, son épouse, et à toute sa famille, nous présentons, au nom du président et des membres de l’Association, nos très sincères condoléances et leur exprimons notre profonde sympathie.
André, Cos, Jemp