La nouvelle année sera aussi symbolique qu’importante pour les Ingénieurs et Scientifiques du Luxembourg. Marc Solvi, Président de l’association, évoque ce millésime, qui prolonge la restructuration de l’association. Plus que jamais, nous sommes appelés à être une caisse de résonance des mutations de la société et du progrès technique nécessaire à une transition vertueuse.
L’époque des fêtes de fin d’années est traditionnellement celle des bilans. Quel souvenir garderez-vous de 2021, un nouveau millésime chahuté ?
Marc Solvi : Ce fut une année importante pour notre association, avec la mise en place de notre nouvelle structure, de notre nouveau nom. L’association des Ingénieurs et Scientifiques du Luxembourg s’est recentrée sur son identité première, qui est de regrouper les ingénieurs et scientifiques, et de se concentrer sur les domaines les concernant au premier chef. Cela ne nous interdit évidemment pas d’aborder les thèmes relatifs à l’architecture, ce qu’indiquent d’ailleurs clairement nos statuts.
Parallèlement, notre communication s’est recentrée sur ces thèmes, et s’est développée sur internet et les réseaux sociaux. Nous voulons ainsi être plus proches de nos membres, les jeunes particulièrement. La crise sanitaire nous a habitués à utiliser les passerelles entre le présentiel et le virtuel, et nous avons été heureux de pouvoir enfin nous retrouver physiquement lors de quelques événements au Forum da Vinci. Notre cycle sur l’hydrogène a connu un beau succès ; cela souligne notre légitimité à animer le débat de la transformation de la société, par ses implications techniques. Les visites d’entreprise aussi, ont repris à un bon rythme.
Je veux saisir cette occasion pour remercier chaleureusement tous ceux qui ont œuvré à notre transformation, et qui préparent 2022, l’année de notre 125e anniversaire : les sponsors qui nous ont renouvelé leur soutien, les administrateurs et tous les membres actifs.
Qu’avez-vous prévu pour célébrer ce 125e anniversaire ?
MS : Une soirée académique est prévue à l’automne, pour nous rassembler avec nos membres et nos amis, et les représentants de la société. Nous accueillerons un invité d’honneur qui traitera d’un sujet d’avenir. 2022 sera un millésime important et symbolique, qui doit rester dans les mémoires.
Un timbre spécial sera aussi édité, comme nous l’avons déjà évoqué. Il nous permettra de garder un souvenir tangible de cette année exceptionnelle. Nous continuerons à amplifier nos efforts de communication et d’organisation d’événements assurant la promotion du progrès technique et de ses artisans. C’est notre raison d’être.
Les défis pour l’avenir sont importants. Comment s’inscrivent les ingénieurs et scientifiques dans cette perspective ?
MS : Le progrès scientifique connaît une accélération de plus en plus forte, dans un monde de plus en plus interconnecté. Des questions, à la complexité croissante, vont se poser et nous accompagner. Robotisation accrue, intelligence artificielle, cybersecurity : autant de thèmes porteurs pour les prochaines années.
Bien sûr, le cœur du développement reste la lutte contre le changement climatique, à laquelle est intimement liée la question de l’énergie. Nous devons compter sur la science pour apporter des réponses à tous les problèmes qui se posent. Mais nous constatons, paradoxalement, une défiance irrationnelle d’une partie de la société contre les acquis scientifiques. Certains profitent sans retenue des progrès de la médecine… mais lui tournent le dos quand on parle de vaccination. On voudrait profiter d’une énergie abondante et bon marché, mais on refuse le nucléaire, même à titre transitoire… Tout cela se produit dans un paysage politique caractérisé par le retour d’un dangereux populisme. Notre rôle à nous est de contribuer à rendre le monde meilleur. On peut critiquer, si on contribue à faire des propositions pour améliorer les choses. La vocation des ingénieurs est d’être des « problem solvers ». La différence entre les ingénieurs et ceux qui ne le sont pas, c’est la capacité de raisonner de façon systématique et systémique, de réfléchir et de pouvoir envisager des possibilités multiples.
Quelle place occupent les jeunes dans votre réflexion ?
MS : L’avenir, c’est les jeunes, les femmes aussi bien que les hommes. Nous investissons beaucoup dans le Wëssensatelier, qui constitue un bel argument de conviction pour les jeunes élèves, et leur ouvre les yeux sur les sciences. Il faudrait idéalement que l’Education nationale se l’approprie, et motive les jeunes aux sciences et aux technologies. Nous jouons simplement notre rôle de catalyseur.
Oui, l’éducation, c’est capital. Pour paraphraser Lincoln, je dirais « If you think science is expensive, try ignorance. » Le système éducatif devrait laisser plus de place à la science, à la technologie et au bricolage. Il faut pouvoir mettre la main à la pâte. La formation doit encourager davantage la créativité, par un contact soutenu avec la recherche.
L’ingénieur du XXIe siècle devra être capable de maîtriser des connaissances très larges, d’acquérir de nouvelles conaissances, d’interagir avec des concepts difficiles et des disciplines différentes. Il devra aussi, et surtout, être un entrepreneur. Le jeune qui a compris que le monde change vite et qu’il devra changer plusieurs fois de métier sera bien armé pour le futur.