Thierry Flies (49 ans) a été élu président de notre association le 27 mars dernier, lors de l’Assemblée Générale ordinaire. Il succède à Marc Solvi, qui avait décidé d’abandonner son mandat après 15 ans. Thierry Flies est membre de notre association depuis le début des années 2000; il a intégré le conseil d’administration en 2012. Il se livre longuement à propos de l’association et de notre environnement économique et social.
Pourquoi avoir choisi de vous investir dans l’association des Ingénieurs et Scientifiques du Luxembourg ?
Des techniciens, des ingénieurs, des scientifiques, il y en a trop peu ! Ce sont pourtant des métiers très intéressants, avec beaucoup de potentiel, aptes à relever les défis d’aujourd’hui et de demain. Ce n’est pas seulement dommage, c’est aussi négatif pour notre tissu économique et industriel. En militant au sein d’une association, on peut aider à sensibiliser la société, mais aussi les décideurs politiques et économiques, à donner une grosse impulsion dans le bon sens.
Comment pouvons-nous changer les choses ?
Le Wëssens-Atelier, qui fête cette année ses dix ans, est une pièce importante dans notre dispositif. Il propose aux enfants de 8 à 12 ans des ateliers d’initiation aux techniques. A une époque où on prend plus volontiers en main un smartphone qu’un marteau ou un tournevis, alors que les parents ne montrent plus trop l’exemple du bricolage, il est capital de réintroduire cette approche manuelle, de montrer tout ce qu’on peut faire avec quelques outils, mais aussi de démontrer des principes de base de la physique et des techniques. Avec l’aide du FNR (Fonds national de la recherche), du ministère de l’Education nationale et de nos sponsors, nous allons continuer à développer ses activités, notamment à l’aide de l’atelier mobile qui nous permettra d’exercer notre action dans tout le pays.
C’est une pièce, mais est-elle suffisante ?
Non. L’école est à la base de beaucoup de choses. Elle doit donner l’envie aux enfants de se lancer vers les techniques, les sciences. Mais tout cela passe par des cours souvent considérés comme rébarbatifs, comme les mathématiques, la chimie, la physique… C’est aussi en rendant ces matières plus accessibles aux enfants qu’on peut remporter le combat. Il faut que les professeurs en soient conscients, qu’ils soient de vrais modèles.
Comment voyez-vous le changement ?
Nous allons continuer à jouer notre rôle pour la promotion de nos métiers. Nous devons soutenir tous les piliers de l’économie, pas seulement la finance… où l’ingénierie est bel et bien présente, d’ailleurs. Il faut réhabiliter l’industrie. La conjoncture internationale force d’ailleurs l’Europe à se réinventer et à se réindustrialiser. Les défis environnementaux sont plus sensibles que jamais. On peut travailler sur une industrie moins énergivore, plus durable. Des recherches extraordinaires sont réalisées au Luxembourg, au LIST par exemple, mais qui en connaît la teneur… qui profite pourtant à des multinationales dans le monde entier. Pourquoi ne pas fabriquer des véhicules électriques au Luxembourg ?
Quel est votre message aux politiques ?
Les filières techniques doivent faire l’objet d’une meilleure promotion à l’école. Il n’y a pas que les tablettes dans la vie, et il n’y a pas que les mathématiques appliquées ou la théorie sans pratique. Je pense que le ministre de l’Education nationale, Claude Meisch, est parfaitement conscient de l’importance des compétences techniques. Promouvoir nos métiers, sensibiliser le corps enseignant : c’est une démarche capitale pour le pays.
Luxembourg Stratégie, la mission de prospective lancée par le ministère de l’Economie, a mis l’accent sur le caractère indispensable des formations d’ingénieur et des métiers de l’informatique. Il faut joindre les actes aux analyses, et s’assurer que les filières attirent suffisamment de candidats, ce qui est encore loin d’être le cas. Bien que les priorités politiques soient en plein changement, en raison de la situation internationale, on gardera l’obligation de prendre les options les plus durables, en matière de fabrication et de construction notamment. Les ingénieurs seront toujours là pour se poser la question de l’efficacité environnementale, et le gouvernement a intérêt à promouvoir les projets les plus intelligents en la matière.
Quels sont les défis qui attendent l’association ?
Nous devons créer des liens entre les générations, convaincre les jeunes de nous rejoindre, consolider notre nombre de membres (1350 actuellement). Nous sommes réellement ouverts aux jeunes comme aux moins jeunes. Nous devons montrer nos réalisations, notre action, nos activités, et créer des événements pour tous. Il est cependant important pour nous de recruter dès la sortie des écoles, ceci en intensifiant la relation avec l’ANEIL, pour assurer ensemble la promotion de l’ingénierie au Luxembourg.
Pourquoi être membre de l’association ?
Pour œuvrer avec nous à promouvoir les filières scientifiques et les métiers d’ingénieurs. Pour servir d’exemple dans ce sens. Être membre, ça ouvre les portes de visites exclusives dans le secteur industriel, mais aussi d’activités plus festives. Nous allons également organiser des voyages thématiques. Nous continuons à mettre sur pied des ateliers ou des conférences sur des sujets d’actualité ou des thèmes d’intérêt majeur pour nos professions. Notre collaboration avec l’Institut Grand-Ducal va augmenter sensiblement le nombre et la pertinence de ces événements.
J’aimerais donner plus d’ampleur encore à nos événements phares de l’année. La Journée de l’Ingénieur en est un. Nous continuons à attribuer le Prix Da Vinci à l’Université, le Prix Delvaux, le Prix Enovos… Cette année, notre Wëssens-Atelier recevra le camion qui lui permettra de sillonner le pays à la rencontre des écoliers. Nous ferons une belle fête pour marquer l’événement.
Qu’apportez-vous de personnel à l’association ?
Mon énergie et beaucoup de mon temps. Nous avons une belle équipe, avec Anne, Nadine, Maurice… J’essayerai d’être un élément moteur, en encourageant aussi les administrateurs à jouer leur rôle et à sacrifier du temps. Un grand merci à tous les administrateurs de s’investir autant pour notre association. Nous avons un conseil extrêmement varié, avec énormément de compétences. Il serait dommage de s’en priver. En pratique, on va aussi revoir le règlement intérieur et le fonctionnement des commissions, pour faire évoluer l’association. Je crois que mon esprit positif et mon carnet d’adresses aideront à encore mieux ancrer l’association dans notre siècle.
Quelle est la plus belle invention de l’homme ?
L’électricité. Elle a changé fondamentalement la vie et reste au centre de toutes les préoccupations économiques et industrielles.
Vous avez des passions en dehors de la vie professionnelle ?
J’aime marcher ou courir. Cela permet de se couper des soucis, de penser à autre chose. Je vais régulièrement voir du football, à Kaiserslautern surtout, autant pour le sport que pour le spectacle dans les tribunes : c’est fascinant de voir la société ainsi rassemblée et mélangée.