Le dimanche 23 juin n’est pas seulement le jour de la célébration de la Fête nationale. C’est aussi le jour retenu pour célébrer la Journée internationale des femmes ingénieures. Si la parité entre hommes et femmes est encore loin d’être réalisée dans les professions rassemblées sous cette étiquette, le déficit se résorbe progressivement. Des femmes, scientifiques ou ingénieures, ont jalonné l’histoire, sans nécessairement être reconnues. Le secteur spatial, si viril et militaire lors de sa constitution, n’aurait pas pu se développer sans leur apport. Evocation de ce monde des étoiles, qui doit faire rêver autant les petites filles que les petits garçons.
Du pesant sexisme à l’apesanteur
A quelques jours du départ dans l’espace de la première astronaute américaine, Sally Ride, la NASA tient sa conférence de presse traditionnelle. L’équipage de la navette spatiale Challenger (mission STS-7) est soumis aux questions des journalistes, spécialisés ou non. L’interrogation majeure fuse: „Allez-vous porter un soutien-gorge?“ Réponse indirecte de l’intéressée: „Rien ne pend dans l’espace“. Rideau.
La question, qui attirerait aujourd’hui des volées de réactions pour son sexisme, restera inscrite discrètement dans le dossier de presse. Le 18 juin 1983, dans l’aube nuageuse de la Floride, Challenger s’arrache du sol dans un grondement indescriptible, semblable à des dizaines d’explosions simultanées. Le „Space Transportation System“, avec son orbiteur réutilisable, fait encore rêver les amateurs de conquête spatiale. Les catastrophes de Challenger au décollage et Columbia au retour dans l’atmosphère, coûtant la vie à quatorze astronautes, donneront un autre éclairage à un programme finalement coûteux et géré en dépit du bon sens.
Mais, en juin 83, on est toujours dans l’euphorie à la NASA (Administration américaine de l’aéronautique et de l’espace). Challenger disparaît dans les nuages, le Kennedy Space Center donne les commandes à Houston et Sally Ride devient la troisième femme à rejoindre l’espace, après les Soviétiques Valentina Terechkova en 1963 et Svetlana Svitskaïa en 1982. Agée de 32 ans, l’Américaine est aussi la plus jeune de ce club restreint à s’en aller goûter aux joies de l’apesanteur non simulée.
Scientifique et littéraire
Certains voient-ils en l’astronaute une simple potiche, au mieux un symbole? Les faits balaient allègrement le stéréotype. Ride est diplômée de l’université Stanford, où elle a obtenu un Bachelor of Science en physique et un Bachelor of Arts en littérature anglaise en 1973, un Master of Science en physique en 1975 et un doctorat en physique en 1978 pour ses recherches sur l’interaction des rayons X avec le milieu interstellaire.
L’exemple de Ride est symptomatique. Les femmes ont tenu un rôle capital dans la conquête spatiale, mais leur contribution a toujours eu tendance à être considérée avec hauteur, quand elle n’était pas tout simplement occultée. Ou pire: instrumentalisée.
Depuis les débuts du programme spatial, les femmes ont joué un rôle essentiel dans divers domaines, souvent dans l’ombre.
Femmes de l’ombre
Calculatrices: des mathématiciennes et des informaticiennes, comme Katherine Johnson, Dorothy Vaughan et Mary Jackson, ont joué un rôle crucial dans les calculs complexes nécessaires aux premiers vols spatiaux. Leur histoire a été popularisée par le film „Les Figures de l’ombre“. Il s’agit de l’adaptation du livre du même nom de Margot Lee Shetterly mettant en scène les calculatrices afro-américaines Katherine Johnson, Dorothy Vaughan et Mary Jackson qui ont contribué aux programmes aéronautiques et spatiaux de la NASA.
Le film montre comment Katherine Johnson en arrive à calculer les trajectoires du programme Mercury et de la mission Apollo 11 vers la Lune en 1969, comment Dorothy Vaughan devient responsable du département de calculs informatiques et Mary Jackson la première Afro-Américaine ingénieure en aéronautique.

Ingénieures: Des femmes ingénieures ont été essentielles à la conception et au développement des technologies spatiales, comme Margaret Hamilton, qui a dirigé le développement du logiciel embarqué de la mission Apollo 11.
Scientifiques: D’innombrables femmes scientifiques ont contribué à la recherche spatiale dans des domaines tels que l’astrophysique, la géologie planétaire et la médecine spatiale.
Astronautes: La première femme dans l’espace était Valentina Tereshkova, une cosmonaute soviétique qui a volé en 1963. Depuis, de nombreuses autres femmes ont suivi. Helen Sharman fut la première Britannique dans l’espace en 1993, et Claudie Haigneré, la première Française en 1996.
Une étude récente, à prendre avec des pincettes vu la faiblesse de l’échantillon (quatre voyageurs de l’espace, deux femmes et deux hommes), tend à indiquer que le corps des femmes résiste mieux dans l’espace. Leur système immunitaire, notamment, paraît plus apte à résister à l’affaiblissement qu’on a constaté chez les voyageurs de l’espace.
Si le premier spationaute, ou astronaute luxembourgeois, sera en principe un homme, Raphaël Liégeois, la voie est ouverte à toutes celles qui veulent l’imiter.