Esch 2022: quand l’industrie rencontre la confiserie, c’est tout un art

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On peut le visiter jusqu’à fin juillet, sur l’ancien site d’ArcelorMittal à Schifflange: un haut-fourneau à bonbons, construit tout spécialement dans le cadre d’Esch, Capitale européenne de la culture 2022. Cette réalisation, tirée des vagabondages oniriques et artistiques de Trixi Weis, doit beaucoup à de très sérieux ingénieurs et étudiants. Preuve, s’il en fallait, que de bonnes compétences techniques peuvent donner vie à un rêve.

Vidéo: Studio Frank Weber

Familière du Japon, où elle a accompli une résidence, l’artiste plasticienne Trixi Weis a sacrifié au rituel du PechaKucha, une forme de présentation rapide et très personnelle pour détailler un projet en six minutes trente. Nous avons repris le fil de sa présentation pour nous imprégner du cheminement de sa réflexion artistique, quand elle a dû défendre son projet.

Je m’appelle Trixi Weis. Je suis artiste plasticienne.

Dans le cadre de la Capitale culturelle européenne Esch22, je crée une installation qui s’appelle Kamelle’Schmelz. Kamell veut dire bonbon et Schmelz veut dire fonderie. Il s’agit de la réalisation d’une usine sidérurgique, en miniature, qui produira des bonbons au lieu de produire de l’acier.
Dans ce sens elle rejoint le thème de l’année culturelle, lié à la géographie et à l’histoire du bassin minier avec son leitmotiv, intitulé ‘Remix’. L’idée de cette oeuvre à caractère pédagogique m’est venue grâce à l’association de deux expériences.

La première expérience se situe dans mon enfance lorsque ma grand-mère coulait le caramel chaud, sur une table en marbre huilée, avant de le découper en morceaux. Ces caramels s’appelaient des Kalugas.

La deuxième, est la visite du four électrique d’Esch-sur-Alzette, où j’habite depuis 14 ans et où j’ai pu admirer la coulée de l’acier brûlant avec des amis ferrophiles. Invitée par les même amis dans le tiers lieu culturel DKollektiv, j’ai réalisé des Kalugas dans une usine bricolée quelque peu minimale lors d’une soirée culinaire sur le thème de la sidérurgie.

Revenons à la Kamelle’Schmelz où il s’agit de reproduire plus sérieusement les étapes essentielles du fonctionnement d’une usine sidérurgique, afin d’illustrer une partie du patrimoine luxembourgeois, qui a largement contribué à l’enrichissement du pays de 1850 à la fin du vingtième siècle, d’une manière ludique, pour petits et grands gourmands.

La réalisation de cette usine à bonbons est un défi, car à la base, la production de bonbons en sucre dur est complètement différente de la production de l’acier. Ceci autant au niveau de l’échelle, que des ingrédients, des températures, des conditions hygiéniques et du nombre des différentes étapes de production. La seule chose en commun, c’est la chaleur destinée à faire fondre et cuire des ingrédients pour produire une masse liquide qui se resolidifiera ensuite. La Kamelle’Schmelz est un prototype motorisé et complexe très couteux, réalisé en partenariat avec différents acteurs, notamment les ingénieurs, les constructeurs et les sponsors dont l’ONS et ESCH22. Les plans ont été dessinés par l’entreprise luxembourgeoise Paul Wurth SA, spécialisée en la matière.

Le début de la chaîne de production comprend un monte-charge qui mène le sucre vers le haut-fourneau, et le haut fourneau lui-même dans lequel le sucre cuit. Leur réalisation a été prise en main par deux lycées techniques de Luxembourg, l’Ecole privée Emile Metz et Le Lycée des arts et métiers.
Des étudiants ont construit le haut fourneau y compris l’électronique.

Nous avons fait des essais pratiques sur place. Une entreprise a réalisé la partie centrale à savoir la poche transportée par un train et destinée à recevoir la masse de bonbon qui sort du haut fourneau, puis, la grue transportant la poche vers le convertisseur et le convertisseur lui-même. Dans le convertisseur seront ajoutés et mélangés le goût du bonbon et son colorant. Ici un essai avec de l’eau pour tester le moteur.

Ensuite le convertisseur déversera la masse à bonbons sur une plaque en inox où elle sera malaxée manuellement à l’aide d’une spatule afin de la refroidir avant de passer dans le laminoir. Cette étape est propre à la manufacture de bonbons, mais absolument nécessaire.

Photo: Studio Frank Weber

Le laminoir donnera aux bonbons la forme de petites pastilles en bandes, qui seront convoyés vers la dernière étape, à savoir une espèce de passoire rotative dans laquelle tombent les bonbons pour l’ébavurage et le sucrage afin qu’ils ne collent pas. Ils auront le goût de coca cola. Les visiteurs pourront les goûter et en emporter.

La construction de cette petite usine a pris beaucoup de retard, à cause de la recherche de budgets et de la pandémie, entre autres. La mise en place de l’électronique, les dernières corrections et modifications
techniques ainsi que les tests de production de bonbons ont pu avoir lieu, et les visites ont commencé au mois de juin 2022.

L’installation se situe dans le FerroForum, qui est logé dans l’ancien atelier central situé au coeur de l’ancienne fonderie Arcelor Mittal d’Esch-Schifflange.

L’entrée sur le site se fait par la commune de Schifflange, près du château d’eau, ou par le Schlassgoart, du côté d’Esch-sur-Alzette. (plan d’accès)
Les visites ont lieu uniquement sur réservation, car le nombre de places est limité. Elles se font tous les samedis et dimanche à 16h, et le vendredi matin pour les groupes scolaires. Inscriptions obligatoires par téléphone (+352 621 254466). Il est indispensable d’être présent à l’heure, car le processus est rapide, et ne connaît pas de pause.

Pour découvrir l’artiste, consulter www.trixiweis.com